Les vins médicinaux aux plantes
Depuis fort longtemps, et notamment depuis l’Antiquité, l’être humain a souvent aromatisé le vin avec des plantes médicinales. On connait aussi les recettes de Sainte Hildegarde, comme le vin au persil et au miel, ou encore le fameux Hypocras, un vin de sauge comprenant également de nombreux épices, comme la cannelle, le gingembre ou le clou de girofle.
Si vous connaissez bien les plantes comestibles, vous pouvez vous préparer des vins médicinaux absolument délicieux, dont certains sont de vieilles recettes digestives traditionnelles. Vous pourrez ainsi profiter des bienfaits des herbes aromatiques tout en vous faisant plaisir, avec modération cependant.
Quels vins pouvez-vous employer ?
Bien évidemment, pour réaliser ces préparations, vous n’allez pas choisir des vins premier choix. Sachez qu’au Moyen Âge, les vins consommés couramment titraient à 6 ou 7 degrés et étaient des vins pétillants, qu’on appelait la piquette. Le terme de piquette faisait ainsi référence, non pas à des vins de mauvaise qualité, mais à des vins qui pétillaient.
Vous pouvez réaliser des vins médicinaux surtout avec des vins rouges ou des vins blancs. Mais certaines recettes peuvent être réalisées avec des vins rosés. Dans tous les cas, ces vins médicinaux permettent de profiter au mieux des propriétés médicinales des plantes.
Les vins rouges utilisables :
Un côte du Rhône, un vin de la vallée de la Loire, un Bourgogne rouge ordinaire ou un petit Bordeaux, par exemple, feront l’affaire pour confectionner des vins médicinaux. Les vins de Gaillac ou de Bergerac peuvent aussi très bien convenir. Vous l’aurez compris, il vous faut un vin rouge à 5 ou 10 euros la bouteille, de préférence en agriculture biologique, pour éviter au maximum les excès de sulfites.
Les vins blancs utilisables :
Les vins blancs les plus adaptés sont l’Edelzwicker, les vins blancs de Savoie ou encore le Bourgogne aligoté. Là encore avec peu de sulfites de préférence, donc évidemment certifié en agriculture biologique.
Les rosés :
Là, vous choisirez essentiellement du rosé de Provence.
Comment faire macérer les plantes ?
Evidemment, vous pouvez macérer les plantes à froid pendant quelques jours. Le vin comprenant de l’alcool et de l’eau, vous pouvez réaliser une bonne extraction hydroalcoolique des principes actifs des plantes. En ce cas, le vin contiendra aussi bien les substances liposolubles et hydrosolubles.
Pour bien conserver de telles macérations, vous pouvez mettre 15 à 20 sucres complets bio. Cela permettra de conserver vos vins médicinaux pendant plusieurs années.
Vous pouvez aussi pratiquer la décoction dans le vin rouge. Dans ce cas-là, vous optimisez l’extraction des principes actifs et vous éliminez une bonne partie de l’alcool du vin. C’était une méthode traditionnelle utilisée dans l’Antiquité pour conserver les propriétés des plantes aromatiques.
Dans tous les cas, les vins médicinaux permettent de retransmettre les vertus médicinales des plantes aromatiques.
Les plantes à employer pour vos vins médicinaux
Les meilleures plantes médicinales à employer sont des classiques de la phytothérapie. On peut citer notamment l’aspérule odorante, le mélilot officinal, la reine des prés, le persil, la camomille ananas, le romarin, le sureau, la fleur d’aubépine, ou encore des aromatiques comme la cannelle ou le clou de girofle.
Pour ces deux dernières plantes, riches en huile essentielle, achetez vos aromates en bio. Une bonne poignée suffira, car ce sont des aromates très puissants. Et vous ferez macérer ces aromates dans du vin rouge.
Concernant l’aspérule odorante, la macération traditionnelle consiste à laisser 8 à 10 brins de la plante séchée dans une bouteille de vin blanc. Vous préparez ainsi le vin de mai ou maitrank, une boisson typique de l’Est de la France (Lorraine, Alsace) et de l’Est de la Wallonie, en Belgique.
Récoltée en pleine floraison puis séchée, cette herbe médicinale développe des arômes vanillés et de foin aromatique. Elle donne une saveur très agréable au vin blanc, auquel vous pouvez ajouter du sucre si vous voulez conserver la préparation. En ce cas, ajoutez 15 à 20 morceaux de sucre. Vous pouvez aussi ajouter des écorces d’agrumes (orange, mandarine, pamplemousse, citron, ou même pourquoi pas, kumquat).
Le vin d’aspérule odorante est un remède calmant et diurétique à la fois. Cela fait partie des vins médicinaux les plus classiques.
Avec le mélilot, vous pouvez procéder de même, car au séchage, il développe les mêmes arômes que l’aspérule odorante. Il permettra également de réaliser des remèdes similaires.
Pour la reine des prés, choisissez plutôt un vin rouge et faites-y macérer les inflorescences fraîches de cette plante médicinale. Le vin de reine des prés est absolument délicieux. Il sera fluidifiant sanguin et fébrifuge, grâce à son salicylate de méthyle. Il soulage également les douleurs articulaires. Vous pouvez le conserver là aussi avec 15 à 20 morceaux de sucre, et le boire frais en apéritif.
Le vin de persil est le vin de Sainte Hildegarde par excellence. On le réalise dans du vin rouge, et on le conseille comme tonique cardiaque et comme anti anémique. Dans la recette en vidéo ci-dessous, nous avons remplacé le miel par du sucre bio.
Là aussi, pour réaliser ce puissant stimulant, nous ferons macérer du persil frais.
Concernant l’aubépine, vous utiliserez les inflorescences fraîches, que vous pourrez faire macérer indifféremment dans du vin blanc ou du vin rouge. Ce sera un excellent régulateur cardiaque et nerveux à la fois.
Et enfin, nous ne pouvons pas nous quitter sans vous parler du vin de sureau. On procède avec les fleurs de cet arbuste, en évitant les parties vertes de la base du corymbe de fleurs. Ces fleurs vont macérer fraîches. Vous obtiendrez ainsi des vins médicinaux antiviraux et fébrifuges.
Et là, vous pouvez utiliser aussi bien le vin rouge, le vin blanc ou le rosé. Dans tous les cas, ce sera absolument délicieux, car la fleur de sureau adoucit la saveur du vin.
Avec du vin rouge, le sureau apporte une saveur qui rappelle le Banyuls ou le Porto.
Avec du vin blanc, vous avez l’illusion de goûter à du Muscat.
Et le sureau dans du rosé donne un vin qui rappelle les côteaux du Layon doux
Voici une vidéo qui vous montre les usages du sureau en guise d’apéritif :
Enfin, avec la camomille ananas ou le romarin, vous pouvez confectionner des vins digestifs ou apéritifs extrêmement agréables. Pour le romarin, qui est assez puissant, chargé d’huiles essentielles, choisissez un vin rouge. Alors que la camomille ananas est plus subtile, et mérite plutôt un vin blanc ou même un rosé. Ces deux vins médicinaux amélioreront la digestion, qu’ils soient consommés en apéritif ou en fin de repas. Employez-les notamment en cas de ballonnements, troubles digestifs, lourdeurs digestives, paresse hépatique ou biliaire, par exemple.
Avec le vin blanc, vous pouvez enfin, de manière plus originale, réaliser des vins médicinaux avec la menthe poivrée, la mélisse officinale ou encore la verveine citronnée.
Comme vous le voyez, les vins médicinaux sont à la fois utiles pour la santé tout en étant gastronomiques. D’ailleurs, il n’est pas rare que des restaurants étoilés Michelin proposent un apéritif utilisant une plante aromatique, tel que précisément le sureau ou la cannelle.
Les vidéos proviennent de notre chaîne YouTube.
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