Les fabacées, des plantes comestibles ou mortelles
La famille botanique des fabacées, qu’on appelle aussi les papilionacées dans l’ancienne nomenclature, est une famille qui regroupe des plantes potagères, comme le pois, le haricot ou la fève, mais aussi des plantes mortelles comme les cytises et le genêt d’Espagne. C’est d’ailleurs en confondant deux espèces de fabacées que meurt le héros du film into the wild.
C’est dire à quel point il faut bien connaître cette famille pour pouvoir en cueillir ses représentants les plus comestibles. Nous montrons d’ailleurs les meilleures espèces de fabacée lors de nos formations de cueilleur, en indiquant le cas échéant les risques de confusion.
Les caractères des fabacées
Ce qui caractérise cette famille, ce sont principalement la structure de sa fleur, dite papilionacée, le type de fruit, toujours une gousse, et les feuilles généralement divisées en plusieurs folioles, soit trifoliées comme le trèfle, soit pennées, avec de nombreuses folioles dont une terminale souvent plus grande.
La fleur est toujours zygomorphe, à cinq pétales. L’un d’eux est dressé. C’est le pétale supérieur, qu’on appelle l’étendard. Deux pétales latéraux s’écartent de la fleur et sont appelés les ailes. Et enfin, deux pétales intérieurs sont quasiment soudés formant la carène, pouvant être munie d’un bec ou non. Celle-ci renferme les étamines et l’ovaire.
Les fleurs donnent des fruits de type gousse, ayant une seule zone de déhiscence. Ces fruits peuvent contenir une à plusieurs graines disposées en une seule rangée, comme dans le petit pois.
Parmi les fabacées, certaines espèces développent des vrilles à l’extrémité des feuilles. Ce sont les pois, les vesces et les gesses.
D’autres fabacées sont arbustives, telles le faux acacia, qui est un véritable arbre, ou les genêts, les cytises et certains anthyllis. Ces arbustes sont parfois cultivés en haie ou autre plantation très décorative.
Quelques fabacées emblématiques
La famille des fabacées étant très importante, comptant de nombreux genres et de nombreuses espèces, nous n’en aborderons que quelques unes.
Cette plante vivace est un buisson très épineux, qui croit préférentiellement dans les régions siliceuses telles que l’Auvergne ou la Bretagne. Elle y est fréquente dans les landes de bord de mer des côtes bretonnes, où elle peut former parfois des haies impénétrables. En revanche, elle n’apprécie pas les terrains calcaires.
Elle produit de belles fleurs jaunes qui sont employées comme élixir de fleur de Bach. Sous cette forme, la dilution est très importante, si bien que cette préparation n’est pas toxique. En revanche, consommée telle que, la plante est dangereuse, car elle contient des alcaloïdes très toxiques.
Le pois cultivé (Pisum sativum)
Cette plante herbacée annuelle est bien connue des jardiniers amateurs, puisqu’elle est cultivée pour produire le petit pois, graine excellente, riche en fer, anti oxydante et bonne pourvoyeuse de protéines.
On la reconnait à sa fleur bicolore, dont un étendard de très grande taille, blanc ou mauve, et les autres pétales plutôt violacés pourpres. Ces fleurs produisent la gousse bien connue du petit pois.
Ses feuilles sont munies de vrilles terminales, qui permet à la plante de s’accrocher à son environnement. Elles possèdent un grand stipule à la base du pétiole, et quatre folioles disposées de manière pennée. La tige de cette plante est rameuse et assez fragile.
Le trèfle blanc (Trifolium repens)
Comment ne pas évoquer les trèfles lorsqu’on traite des fabacées ? Voici ici l’un des représentants de ce genre emblématique, qui regroupe en France plus d’une cinquantaine d’espèces sauvages, dont certaines très rares.
Comme tous les trèfles, le trèfle blanc est caractéristique avec ses feuilles trifoliées avec la lettre V en vert clair sur chacune de ses folioles.
Ses fleurs sont regroupées en capitules denses. Les pétales sont blanc rosés.
Le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia)
C’est le seul arbre que compte la famille des fabacées en France. Sauf si on regroupe aussi les césalpiniées (arbre de Judée) dans les fabacées.
Cet arbre produit des grappes de fleurs blanches parfumées, très odorantes, mellifères, qui donnent le miel d’acacia, et très savoureuses en beignets. Mais attention, les parties vertes de l’arbre son toxiques.
Le mélilot officinal (Melilotus officinalis)
Comme disait un guérisseur du début du 20 ème siècle, fourrez un lapin ordinaire de mélilot, et après cuisson vous en ferez un lapin de garenne. Que les végans me pardonnent, le mélilot transforme la saveur d’une viande après cuisson.
Mais le mélilot officinal est aussi remarquable par son arôme qu’il dégage après séchage.
Cette plante officinale, à l’image des trèfles, est également trifoliée. Mais c’est une plante de grande taille, aux tiges rameuses, terminées par des grappes de petite fleurs jaune d’or vif.
Le séchage développe des coumadines, substances qui fluidifient le sang, et utiles notamment chez les cardiaques. Attention, on n’en prendra pas si on prend des médicaments fluidifiants du sang, sinon, l’excès de fluidifiant risque de provoquer des hémorragies.
Le genêt d’Espagne ( Spartium junceum)
Attention à cette plante arbustive très toxique, qui peut provoquer des arrêts cardiaques. Toutes ses parties sont violemment toxiques, y compris les fleurs.
On la reconnait bien à ses tiges épaisses, dressées, qui semblent dépourvues de feuilles et qui portes des grappes terminales de grandes fleurs jaunes et très odorantes. Elle produit des gousses de grande taille, allongées et dressées, à nombreuses graines.
On ne la rencontre quasiment que dans le sud de la France, en tout cas au sud de la Loire. Mais elle est souvent plantée comme plante ornementale. On la voit même fréquemment sur les bords des autoroutes ou dans les aires de stationnement.
Soyez prudent avec les fabacées
Pour cueillir des plantes de la famille des fabacées, il faut vraiment être connaisseur, ou bien formé à la cueillette de plantes sauvages comestibles.
Les intoxications ne pardonnent que rarement. Et parmi les plantes comestibles, il y a des précautions à prendre. Par exemple, pour faire sécher du mélilot, il faut éviter absolument de partir de la plante humide. Car le séchage donne alors du foin humide, particulièrement riche en coumadines. Et là, les accidents hémorragiques ne sont pas à exclure.