La haute montagne est souvent considérée comme un milieu hostile, fait d’éboulis, de cailloux, de prairies rases, parfois très humides. On n’imagine cependant pas ce qu’on peut croiser comme plantes médicinales de haute montagne à ces altitudes, vers 2500 mètres et plus. Et certaines de ces plantes médicinales de haute montagne comptent aussi parmi les meilleures plantes aromatiques et comestibles.
Les plantes médicinales de haute montagne les plus classiques
Parmi les plantes les plus classiques, nous citerons évidemment les deux génépis, l’edelweiss et le pied de chat. Ce sont des plantes vraiment emblématiques, dont certaines sont protégées, ou en tout cas à ramasser avec grande parcimonie.
On sera souvent horrifié de voir que des gens, mêmes des autochtones, se glorifient de ramasser des sacs poubelle entiers de génépis. Après, on s’étonnera de voir les populations de cette plante diminuer drastiquement. Pensez aux autres, enfin, et pensez que la nature doit se régénérer. A quoi sert-il d’accumuler chez soi des litres de génépi, alors qu’on n’a pas besoin de plus d’un demi litre par an pour sa consommation personnelle ? Et en principe, on ne doit pas ramasser plus de 20 brins de génépi par jour et par personne. Effectivement, la cueillette est règlementée, ce qui est bien normal.
Mais détaillons un peu ces quatre plantes que nous venons de citer :
Ce sont toutes les quatre des astéracées (anciennement famille des composées). On les rencontre principalement en haute montagne, à partir de 2000 mètres, même si le pied de chat peut être observé assez fréquemment à des altitudes bien inférieures, ou si le génépi peut être trouvé exceptionnellement sur des sites situés à 1600 ou 1700 mètres d’altitude.
- L’edelweiss :
Cette plante extraordinaire, aux bractées duveteuses, a pu être utilisée pour réaliser des liqueurs. Comme elle est cultivée, on en fait encore des alcools traditionnels. Mais elle possède aussi des vertus médicinales intéressantes, au point qu’en Suisse, on a sorti toute une gemme de cosmétiques à l’edelweiss. Effectivement, c’est une plante utile pour la peau.
On l’emploie aussi comme antigrippal et pour les voies pulmonaires, qu’elle semble renforcer, y compris en cas d’insuffisance des voies respiratoires.
Enfin, on en fait un élixir de fleur, réalisé sans la cueillir, par simple imprégnation d’eau de source sur la plante. Cet élixir d’edelweiss est très utile pour les personnes qui ont une sensibilité à fleur de peau, ou qui ont une instabilité émotionnelle ou sexuelle.
- Le génépi des glaciers :
Cette espèce herbacée vivace, que les autochtones appellent génépi jaune, est connue sous le nom d’Artemisia glacialis. C’est une espèce rare et à protéger absolument.
Elle possède un arôme très suave, des rosettes de feuilles finement découpées, et une tige portant des capitules ronds et jaune vif.
C’est une plante à partir de laquelle nous réalisons un élixir de génépi, sans la cueillir, pour favoriser l’harmonisation entre notre contexte matériel et nos aspirations spirituelles.
- Le génépi gris
Ce qu’on appelle génépi gris est en fait le génépi vrai ou Artemisia mutellina. C’est une des plantes médicinales de haute montagne les plus emblématiques. Ce génépi possède des feuilles similaires au génépi des glaciers. Mais sa hampe florale est un peu plus grande, souvent recourbée, et porte des capitules gris jaune, nombreux, étalés tout le long de la tige.
C’est ce génépi surtout qui est utilisé pour réaliser le digestif bien connu. Il est par ailleurs stimulant immunitaire et antigrippal. Parmi les plantes médicinales de haute montagne, c’est sans doute la plus mythique avec l’edelweiss.
Dans cette vidéo de la chaîne YouTube de la naturopathie, vous pouvez voir les deux espèces de génépi :
- Le pied de chat
Cette plante est beaucoup plus commune que les trois précédentes. Elle est souvent utilisée comme anti grippal et utile aussi pour les voies respiratoires. Elle est parfois préparée en teinture mère ou en extrait de plante fraîche.
Le Professeur Kurt Hostettman cite cette plante dans son ouvrage sur les plantes médicinales de montagne.
Les plantes du bonbon Ricola
Dans le bonbon Ricola, on trouve des plantes médicinales de haute montagne utilisées traditionnellement en Suisse comme plantes digestives.
C’est le cas de ce qu’on appelle le thé de Suisse, qui est un arbrisseau rampant de haute montagne, la dryade à huit pétales (Dryas octopetala), plante médicinale des montagnes tout à fait classique.
Cette rosacée étonnante possède des tiges ligneuses rampantes qui lui permettent de coloniser des surfaces importantes.
On utilise surtout sa feuille, qui est petite, à rebords lobés, le dessus vert luisant, et le dessous blanchâtre. Cette feuille est astringente et digestive. On peut en faire des décoctions digestives.
Dans les 13 plantes qui composent ce bonbon, on trouve aussi l’alchémille (Alchimilla vulgaris), une autre plante commune dans les alpages, et qui est également astringente, mais aussi progestérone like. On dit d’elle que c’est la plante des alchimistes, car ses feuilles exsudent de l’eau pure de la respiration durant toute la nuit jusqu’au matin. Et les alchimistes récupéraient cette eau pure pour opérer leurs pratiques d’alchimie.
Les autres plantes médicinales des Alpes
Les Alpes, c’est aussi le royaume de l’arnica, de la gentiane jaune, de la ciboulette sauvage et de la busserole.
Voici là quatre plantes très emblématiques de ce que peut apporter le massif alpin comme plantes médicinales de haute montagne.
L’arnica (Arnica montana) est très réputée pour son huile de macération. Dans notre stage botanique de Haute Maurienne, nous proposons à nos élèves de réaliser eux même cette huile, en cueillant avec parcimonie les capitules d’arnica.
Si on en trouve, dit-on, en forêt d’Orléans, l’arnica est plutôt une plante des alpages, qui fleurit en juillet.
La gentiane jaune (Gentiana lutea), elle, est une plante remarquable par sa robustesse. On la repère tout de suite en été lors de sa floraison. Mais au printemps, on peut facilement la confondre avec le très toxique vératre blanc (Veratrum album). La grande différence concerne la disposition des feuilles, opposée décussée pour la gentiane, et alterne pour le vératre. Mais si vous n’avez pas l’habitude, vous pouvez vous tromper facilement. Cueillir des plantes, cela nécessite de bonnes compétences.
Selon certaines études, la racine de gentiane contient de la gentiopicrine et de l’acide gentiotannique, des principes actifs qui protégeraient du paludisme. C’est surtout une plante utile pour favoriser la digestion, et notamment les sécrétions biliaires, utiles pour la digestion des graisses. Cette plante est également un puissant stimulant de l’estomac, favorisant ainsi l’appétit.
A noter que c’est une plante à fleurs jaunes et amères, ce qui correspond à la signature des plantes qui favorisent le travail de la vésicule biliaire, un peu à l’image du pissenlit ou de la chélidoine, deux plantes riches également en principe actif amer.
La busserole, quant à elle, est également un arbuste rampant. Son nom, busserole, évoque le buis. De fait, ses feuilles ressemblent à des feuilles de buis. Mais la ressemblance s’arrête là, car ses fleurs sont en clochette blanc rosé, ce qui n’a rien à voir avec les fleurs rudimentaires du buis. Et par ailleurs, le fruit est d’un rouge vif.
C’est une plante remarquable pour les troubles rénaux, puissant désinfectant urinaire.
Enfin, la ciboulette sauvage est une plante proche de l’ail. C’est d’ailleurs, botaniquement, une espèce d’ail (Allium schoenoprasum), qu’on retrouve dans les zones humides de haute montagne.
Comme toutes les espèces d’ail, celle-ci est riche en essences sulfurées, ce qu’on reconnaît à sa saveur piquante. Elle contient un principe actif de la famille des sénévols. Cela en fait un excellent désinfectant digestif et respiratoire. C’est aussi une plante aromatique et comestible, que l’on peut ajouter dans une salade de crudités. Ou comment se soigner par la gastronomie… Vous pouvez aussi réaliser un vinaigre aromatique avec les fleurs et les jeunes tiges de cette plante. Faites donc macérer deux à trois poignées de capitules floraux dans un demi litre de vinaigre de cidre, pendant au moins un mois.
Et le serpolet ?
Voici une plante qui n’a pas froid, et qui peut croître un peu partout. Vous pouvez la rencontrer en bord de mer, mais on la trouve aussi très communément en haute montagne.
Le parfum de ses inflorescences est exceptionnel. Si vous la ramassez sur des côteaux bien exposés au soleil, alors vous aurez une matière végétale très utile comme anti infectieux général.
Les matières sèches de thym serpolet seront très utiles comme plante en infusion ou même en décoction en cas de gastro entérite banale, mais aussi comme anti infectieux respiratoire. Ces propriétés sont dues à la présence d’huiles essentielles, et notamment de thymol et de carvacrol, deux substances très anti-bactériennes. Faites alors sécher votre serpolet. Mettez-le ensuite dans de l’eau bouillante. Laissez infuser pendant 15 minutes. Puis buvez.
Mais vous pouvez aussi préparer avec le serpolet une macération hydro alcoolique pour en faire une liqueur digestive et fortifiante.
D’ailleurs, comme anti infectieux, vous pouvez l’associer dans une liqueur qui mélangerait du pied de chat, du génépi et ce fameux serpolet. Et si vous en trouvez, ajoutez aussi de l’hysope couché, qui favorise les voies respiratoires.
Une véritable pharmacie en haute altitude
Nous n’avons pas cité toutes les plantes médicinales de haute montagne, loin de là. Savez-vous qu’il existe une myrtille des marais, dont le fruit est aussi riche en vitamine A et donc protecteur oculaire, comme notre myrtille commune ?
Savez-vous que la violette de haute montagne (Viola calcarata), dite violette à éperon, est une plante dont la fleur très parfumée est antigrippale ?
Savez-vous que le lycopode produit des spores, qui forment une poudre très prisée en homéopathie, pour faire des remèdes hépatotropes.
Et nous pouvons encore citer les usages médicinaux du framboisier, du fenouil des Alpes, de la grande berce, très commune dans les alpages, ou encore de la grassette, qui est une plante carnivore aux vertus digestives.