La biologie des champignons
Les champignons sont des êtres qui paraissent souvent mystérieux, même pour le cueilleur amateurs. De nombreuses légendes ont entouré des êtres du règne fongique, si bien que la biologie des champignons a pu longtemps paraitre étrange. On a dit notamment que les champignons poussaient la nuit de pleine lune sous les pas des sorcières qui dansaient en rond. D’où les ronds de sorcière, disait-on…
En fait, ce n’est pas aussi mystérieux, et bien connaître la biologie des champignons permet aussi de mieux les trouver pour des cueillettes miraculeuses.
Le cycle de reproduction des champignons
Comme nous l’expliquons dans la vidéo ci-dessous, publiée dans la chaîne YouTube de la naturopathie, le champignon croit en rond de sorcière car le mycélium fertile a tendance à pousser de manière concentrique :
C’est ainsi que les champignons poussent en rond à la périphérie des mycélium fertiles, qu’on appelle mycélium secondaire.
Une spore à l’origine de tout
Lorsqu’on étudie la biologie des champignons, une chose frappe tout de suite. Les champignons ont-ils donc un sexe ? La biologie des champignons est donc bien particulière.
En fait, le champignon possède une partie fertile. Chez les champignons dit supérieurs de type basidiomycète, la partie fertile présente généralement sous les chapeaux est constituée le plus souvent de lamelles (amanites, champignons de paris, etc.), mais aussi de pores (polypores et bolets), d’aiguillons (hydnes), de plis (girolles), ou encore sur des surfaces lisses comme chez les clavaires. On peut aussi retrouver des champignons à partie fertile en gléba, comme chez la vesce de loup.
Chez les ascomycètes (morilles, pézizes), la partie fertile est en coupe ou en alvéoles le plus souvent.
Cette partie fertile produit des spores. Ces spores, lorsqu’elles mûrissent, peuvent parfois changer la couleur de la partie fertile. C’est le cas du champignon de Paris (Agaricus bisporus). Chez le champignon, les lamelles jeunes sont rose pâle, et deviennent violet noir lorsque les spores sont mûres. Cela est dû à la couleur des spores mûres, qui est très foncée. On dit que ce champignon est scotosporé. C’est d’ailleurs un critère de classification des champignons à lamelles.
Lorsque les spores sont mûres, elles tombent au sol et peuvent développer, selon les conditions environnementales, un mycélium primaire. Ce mycélium primaire n’est pas fertile. Il doit rencontrer un autre mycélium primaire de la même espèce pour opérer une sorte de fécondation.
Pourquoi cela est-il nécessaire ? Tout simplement parce que les spores produites par les champignons ne possèdent que la moitié des chromosomes du champignon. Lorsque la spore est produite, elle a subit une méiose, qui est une division cellulaire avec réduction chromosomique. On dit que la spore est haploïde.
Ainsi, le mycélium primaire produit est aussi haploïde, et doit rencontrer un autre mycélium primaire haploïde de la même espèce de champignon. La fusion des mycélium primaires donne à nouveau des cellules avec la quantité de chromosome normale, dite diploïde. Le mycélium secondaire obtenu va alors pouvoir produire des champignons, faits de cellules diploïdes.
Ci-dessus de gauche à droite : le rosé des prés (Agaricus pratensis), le cèpe de Bordeaux (Boletus edulis), le chaga (Inonotus obliquus).
Biologie des champignons et nutrition
L’étude de la biologie des champignons montre que ceux-ci développent trois types de stratégie pour puiser leurs nutriments dans leur environnement. Comme les champignons ne sont pas des êtres chlorophylliens, ils doivent prélever de leur environnement les sucres qu’ils ne peuvent pas produire par eux-mêmes.
Les champignons peuvent être parasites, saprophytes ou symbiotes.
Les parasites vont se développer au détriment d’un hôte. Généralement, ce sera un arbre ou un arbuste. Le champignon peut se développer soit sur le bois vivant, détruisant celui-ci et aboutissant in fine à la mort de l’arbre parasité, comme le fond la plupart des polypores. Certains parasites peuvent aussi se développer à partir des racines des arbres, soit en les détruisant, comme le cas de l’armillaire couleur de miel (Armilliaria mellea). Il existe aussi des hémiparasites, comme la morille, qui prélèvent à partir des radicelles, une fraction de sève d’un arbre. Dans ce dernier cas, l’arbre ne meurt pas. Ainsi, la morille puise de la sève lors des montées de sèves chez le frêne, l’orme, et selon les espèces de morilles, chez des résineux comme l’épicéa.
Dans certains cas, le champignon parasite une larve d’insecte ou un insecte, ce qui est le cas des cordyceps.
La biologie des champignons saprophytes est tout autre. Ceux-ci vont puiser dans la matière organique morte les sucres dont ils ont besoin. Ce sont des champignons qui poussent souvent dans les prés. Ils se contentent de l’humus en décomposition, mais ils peuvent aussi pousser sur du bois mort, du fumier, des pommes de pin, des fruits en décomposition, etc. Le champignon de Paris et le rosé des prés ou agaric des prés sont les représentants emblématiques des saprophytes. Ce sont des champignons faciles à cultiver. Il suffit de leur apporter les nutriments sous forme de poudre de bois, de fumier, de particules de riz, par exemple. Ainsi cultive-t-on facilement le champignon de Paris, mais aussi le pied bleu, les pleurotes, le coprin chevelu ou encore le shiitaké.
Enfin, les symbiotes sont des champignons liés à des arbres. Ils échangent des nutriments avec ces derniers, au niveau des radicelles des arbres. Autour de ces radicelles, se développent des manchons mycéliens, les mycorhizes, qui permettent ces échanges. Si le champignon reçoit de l’arbre un peu de sève riche en sucres, il fournit à l’arbre des antibiotiques naturels. La biologie des champignons symbiotes implique donc une coopération entre l’arbre et le champignon.
Ainsi, de nombreuses espèces dépendent des arbres avec lesquels ils sont en symbiose. La biologie des champignons symbiotes implique qu’ils sont même inféodés à des espèces d’arbres précis, comme le lactaire délicieux, lié aux conifères, ou la truffe noire, liée aux chênes et aux noisetiers. Certains autres champignons, comme le cèpe, le pied de mouton, les chanterelles, les trompettes des morts ou la girolle, sont moins difficiles. Le cèpe peut se lier au hêtre, au chêne, au châtaignier, au pin, au sapin ou à l’épicéa. La trompette des morts se liera aux feuillus comme le chêne, le hêtre ou le châtaignier. Le bolet de Satan se lie aux feuillus comme le chêne, surtout sur terrain calcaire. Evidemment, ces données sont indispensables à connaître pour partir à la cueillette des champignons sauvages comestibles. Dans certains cas, la présence ou non d’un arbre peut être déterminant pour le mycologue, lorsqu’il identifie un champignon.
Et selon les dernières recherches de la biologie des champignons, il semble que grâce au réseau mycélien, les arbres peuvent communiquer entre eux. Le mycélium représente alors un véritable réseau à l’image d’internet, une sorte de réseau social des forêts.
La biologie des champignons n’aura donc pas fini de nous étonner, autant par leur modernité que par leur ingéniosité.