Usages traditionnels des plantes sauvages aphrodisiaques
C’est au 18e siècle qu’apparaît pour la première fois le terme aphrodisiaque, dérivé d’Aphrodite, la déesse de l’amour dans la mythologie grecque. Mais l’usage des plantes aphrodisiaques remonte à la plus Haute Antiquité. Ces plantes étaient souvent réservées aux seigneurs, aux rois, aux empereurs qui dirigeaient les nations antiques.
On signale par exemple que le céleri était reconnu pour ses vertus aphrodisiaques depuis les époques historiques les plus reculées. Autre plante bien connue, la sarriette, était employé dans les philtres d’amour par les égyptiens. Elle était indiquée par Virgile et Martial pour stimuler l’appétit sexuel. Tellement appréciée des romains, elle fut introduite partout en Europe.
Dioscoride, au 1er siècle, vantait les mérites aphrodisiaques de l’ortie. De nos jours cependant, cette plante est surtout employée comme antianémique, reminéralisante, dépurative et stimulante de l’immunité. Ainsi, beaucoup d’usages du passé ne se sont pas toujours révélés exacts par la suite.
Au Moyen Âge, du fait des tabous de la religion catholique, les plantes aphrodisiaques comme la sarriette étaient considérées comme les plantes du diable. Cependant, Sainte Hildegarde en recommandait comme une panacée pour tout type de maux. Elle se garda bien sûr de vanter les mérites aphrodisiaques de cet aromate.
En Chine, les aphrodisiaques les plus connus sont le mythique ginseng ainsi que le champignon cordyceps. Ce dernier était rigoureusement réservé à l’empereur de Chine, et quiconque en utilisait frauduleusement pouvait être puni de mort. L’on concoctait généralement, à l’attention de l’empereur, des plats utilisant ce champignon, et en particulier du canard laqué au cordyceps. Bon appétit !
En réalité, on retrouve la trace d’usages de plantes aphrodisiaques sur les cinq continents. Par exemple, au Gabon, l’Abbé André Raponda-Walker recense plusieurs plantes de l’amour dans un manuscrit issu de traditions orales et ayant fait l’objet d’un livre paru au milieu du 20ème siècle. Parmi ces plantes, on retrouve la noix de kola, le yohimbe et l’iboga.
Les pharmacopées européennes et américaines recensent une dizaine de plantes réellement aphrodisiaques et une centaine de plantes stimulantes ou toniques de la fonction sexuelle. Les pharmacopées indiennes et chinoises proposent également une centaine de plantes ayant ces mêmes vertus.
Même des aliments relativement simples possèdent de réelles vertus stimulantes des fonctions sexuelles. Nous pourrions citer en particulier le céleri rave, le sésame, la patate douce, le romarin ou encore la figue.
Inversement, certaines plantes et aliments seront à éviter s’il s’agit de stimuler la fonction sexuelle, et principalement : le gattilier, la valériane, le houblon, le nénuphar, la gentiane (en phytothérapie, et non pas en élixir floral), la bière, la mâche, la mandarine, la laitue.
Quelques plantes sauvages aphrodisiaques
Voici une sélection de quelques plantes sauvages aphrodisiaques communes en France. Elles sont réputées pour leurs vertus médicinales stimulantes de la libido.
Aulne glutineux (Alnus glutinosa)
Habitat : Cet arbre est typique des endroits humides des plaines européennes, en climat tempéré. On le rencontre principalement en bord de rivière, de fleuve, de lacs, de sources, etc.
Présentation : L’aulne glutineux est un arbre de taille généralement modeste, au tronc gris et ridé crevassé. Ses feuilles entières denticulées sont vert sombre dessus et plus pâles sur la face inférieure. Ses bourgeons sont particulièrement poisseux, de couleur violacée. Il produit des fruits caractéristiques, faisant penser à de toutes petites pommes de pin (environ 1 à 2 centimètres de longueur).
Culture : Il n’est pas cultivé mais généralement exploité à l’état sauvage.
Mode d’emploi : On emploie principalement le bourgeon, en gemmothérapie (en magasin bio ou en pharmacie et parapharmacie).
Indications : Le bourgeon d’aulne glutineux possède des propriétés comparables au ginkgo biloba. Il facilite en particulier le flux sanguin vers les parties génitales, ce qui le rend utile pour les femmes et les hommes ayant une inappétence sexuelle pour des raisons liées au cholestérol. Si ce dernier se dépose en plaques d’athéromes sur les artères des glandes génitales, le flux sanguin sera d’autant diminué, ce qui peut rendre l’homme impuissant (surtout vers l’âge de 50-60 ans) et la femme frigide. L’amélioration de ce flux sanguin permet donc de résoudre le problème mécaniquement. Il sera utile en parallèle de prendre un traitement à base de plantes régulatrices du métabolisme du cholestérol.
Contre-indications : Il n’est pas conseillé de prendre ce produit si vous êtes sous traitement médicamenteux hypotenseur (beta bloquant ou autres) ou sous fluidifiant sanguin.
Berce (Heracleum spondylium)
Habitat : La grande berce est une plante très commune des champs, bords de chemins et talus des plaines et de la moyenne montagne en Europe.
Présentation : Cette plante, qui peut atteindre une dimension d’un mètre environ, produit des fleurs blanches ou blanc rosé disposées en ombelles. Avant floraison, l’ombelle est renfermée dans de gros boutons floraux, formés par la gaine d’une feuille. La plante est finement poilue dans son ensemble. Ses tiges sont creuses et ses feuilles, dont la base engaine fortement les tiges, sont profondément divisées, souvent à trois ou cinq folioles fortement dentées. La plante, lorsqu’on la froisse, dégage une odeur caractéristique d’écorce de mandarine. A la cuisson, cette odeur vire à la noix de coco.
Il ne faut pas confondre la berce de nos régions avec la berce géante du Caucase, qui parfois hélas peut s’acclimater à nos régions. Cette berce géante ressemble à notre berce mais mesure jusqu’à 4 ou 5 mètres de hauteur, sa tige est très épaisse et les poils de cette plante sont particulièrement irritants. Ne pas toucher cette berce, ne pas la consommer non plus.
Culture : La berce est ramassée à l’état sauvage.
Mode d’emploi : On peut consommer comme légume, principalement, les jeunes feuilles ou les gros boutons floraux. Cuite, la berce s’avère délicieuse. On peut également la prendre comme traitement en gélules ou en teinture mère, disponibles en pharmacie.
Indications : La berce possède des propriétés toniques sexuelles et musculaires, dues probablement à la présence d’un principe actif appelé octanol.
Contre-indications : Attention, la berce est très photo sensibilisante, du fait de la présence de fucocoumarines. Ces principes actifs peuvent favoriser des brûlures après exposition au soleil. En principe interdite en magasin diététique, elle reste disponible en pharmacie. Chez certaines personnes, cette plante peut développer des irritations cutanées, mais peu grave comparé à ce que peut entraîner la grande berce du Caucase.
Moutarde (Sinapis arvensis)
Habitat : La moutarde sauvage croît dans les champs, les bords de chemin, les prés, les talus dans l’Europe tempérée et continentale, en plaine et en montagne. Elle est très commune à l’état sauvage.
Présentation : La moutarde sauvage est une plante de quelques dizaines de centimètre de hauteur. Elle produit des fleurs en grappe, à quatre pétales jaune en croix (famille des crucifères ou brassicacées) et quatre sépales. Les feuilles inférieures sont divisées avec un lobe terminale beaucoup plus grand que les autres folioles. Les feuilles supérieures sont entières. Les graines sont enfermées dans un fruit allongé appelé silique. Ce dernier se développe par un pédoncule qui s’écarte de la tige après floraison.
Culture : La moutarde peut être cultivée, pour ses graines. Ces dernières, riches en essences sulfurées, servent à la fabrication de la célèbre moutarde de Dijon.
Mode d’emploi : La moutarde peut être employée comme condiment, sous forme de sauce moutarde, mais il est également possible de faire germer les graines de moutarde et de consommer ces graines germées. La graine de moutarde permet de fabriquer une poudre grâce à laquelle on réalisait autrefois les cataplasmes comme désinfectant pulmonaire.
Indications : La moutarde est un désinfectant pulmonaire, grâce à ses essences sulfurées, mais elle est également réputée aphrodisiaque. C’est également, en élixir de fleur de Bach sous le nom de mustard, un soin naturel utile pour les personnes à tendance dépressive.
Contre-indications : Aucune contre-indication connue.
Romarin (Rosmarinus officinalis)
Habitat : Surnommé par certains phytothérapeutes «le ginseng de Provence», le romarin est une plante familière des garrigues, des maquis et des bois clairsemés du bassin méditerranéen. Cette plante médicinale affectionne les endroits caillouteux, rocheux, secs, bien exposés au soleil.
Présentation : Le romarin est un sous arbrisseau buissonnant qui peut atteindre 80 centimètres de hauteur. Ses feuilles en forme d’aiguilles sont caractéristiques, notamment par leur odeur forte au froissement. Elles sont vertes sur la face supérieure, et de couleur pâle à la face inférieure. Les fleurs de couleur violet pâle ou lilas pâle, voire blanche, sont disposées en grappes. Elles possèdent un pétale en lèvre supérieure et un autre en lèvre inférieure. La fleur comprend un tube qui réunit ces deux lèvres.
Culture : Le romarin est largement cultivé dans tout le bassin méditerranéen, depuis l’Antiquité semble-t-il. On peut le trouver en agriculture biologique.
Mode d’emploi : Le romarin s’utilise autant en aromate, feuilles entières ou poudre de feuilles, dans la cuisine, et autant en complément alimentaire, en extrait de plante fraîche, en gemmothérapie de jeunes feuilles, en gélules ou en ampoules. Prendre une ampoule ou six gélules par jour. Le romarin fournit également des huiles essentielles, de nature différente selon le type chimique présent. Les romarins à verbénone seraient les plus intéressants comme aphrodisiaques. On utilisera l’huile essentielle en dilution dans de l’huile végétale, à usage externe en application sur les lombaires.
Indications : Le romarin possède de nombreuses propriétés médicinales. C’est tout d’abord un excellent équilibrant de l’hypophyse, et à ce titre, régule la balance œstrogène et progestérone chez la femme. Il agit aussi comme stimulant du foie, comme hypocholestérolémiant, comme hypoglycémiant, comme tonique musculaire et comme aphrodisiaque.
Contre-indications : Le romarin est un excitant qui semble ne pas poser de problèmes en cas d’hypertension.
Salsepareille (Smilax aspera)
Habitat : La salsepareille croît principalement dans les zones arides ou sèches du bassin méditerranéen. On la rencontre fréquemment dans les garrigues du Sud de la France. C’est une plante vivace, qui appartient à un genre comprenant près de 350 espèces voisines ; que l’on rencontre au Mexique, en Afrique et au Moyen Orient.
Présentation : Cette plante se présente comme une liane ligneuse et épineuse, grimpante ou rampante, à feuilles en cœur à la base, coriaces, allongées et entières. Les stipules des feuilles sont des vrilles. Les fleurs sot petites et jaunâtres, disposées plus ou moins en ombelles. Elles produisent des fruits rouges ressemblant à des groseilles. Ces fruits, bien que non toxiques, ne sont pas comestibles, sauf en gelées.
Culture : La salsepareille n’est pas cultivée mais on récolte les racines des spécimens sauvages.
Mode d’emploi : Vous pouvez utiliser la racine en décoction ou en poudre, en vrac ou conditionnée en gélules. En prendre trois à six gélules par jour, avant le repas. Certains fabricants proposent les extraits de salsepareille en ampoules. Vous pouvez également la trouver en teinture mère (à prendre à raison de 20 à 40 gouttes par jour).
Indications : La salsepareille est une plante progestérone like, c’est-à-dire qu’elle favorise l’élévation du taux de progestérone chez la femme, ce qui la rend utile dans les maladies hormono dépendantes. Elle est également utile pour les rhumatismes ou les maladies de peau. On l’emploie enfin comme aphrodisiaque, en raison qu’elle est surtout fortifiante de l’organisme. Elle sera doc utile en cas d’asthénie sexuelle liée à une asthénie physique ou nerveuse.
Contre-indications : Cette plante ne semble pas avoir de contre-indications particulières.
Sarriette (Satureja montana)
Habitat : La sarriette, plante aromatique souvent utilisée en cuisine, est familière de la flore méditerranéenne. Elle apprécie les endroits ensoleillés, secs, aux sols calcaires et légers. Elle fleurit en été.
Présentation : La sarriette des montagnes est un sous arbrisseau de quelques dizaines de centimètres de haut. Elle produit des feuilles étroites, entières, opposées. Les fleurs apparaissent à l’aisselle des feuilles (feuilles supérieures surtout) et sont de teinte lilas clair ou blanche. Les fleurs sont en tube, à deux lèvres (famille des labiées, comme le romarin, le thym ou la sauge).
Culture : On cultive aisément la sarriette. Les semis se font fin avril et les premières récoltes ont lieu deux mois plus tard. On trouve dans le commerce de la sarriette issue de l’agriculture biologique.
Mode d’emploi : La sarriette est un aromate très usité dans la cuisine méditerranéenne. Elle agrémente les plats de viandes ou de poissons. On peut également en prendre en décoction stimulante, ou la consommer en gélules de plantes sèches ou en teinture mère. On tire une huile essentielle de cette plante, mais attention, cette huile est très corrosive pour les muqueuses. Il est fortement conseillé de l’utiliser diluée dans une huile type sésame par exemple, en vue d’une application externe aux lombaires.
Indications : La sarriette est un puissant stimulant général, et stimule particulièrement la libido. Elle est également utile pour les troubles de la prostate et pour développer les sécrétions de testostérone. Par ailleurs, la sarriette est un excellent anti-infectieux digestif et un anti-parasitaire.
Contre-indications : Etant puissamment stimulante, la sarriette ne doit pas être consommée en excès en cas d’hypertension artérielle.
Pour aller plus loin
Vous pouvez explorez notre répertoire des plantes médicinales et des plantes aromatiques.
Si vous voulez vous procurer des plantes stimulantes de la libido, vous pouvez aussi aller sur cette page. Vous y trouverez d’autres plantes intéressantes, comme la menthe poivrée, la cannelle, le gingembre, le ginseng, ou encore des champignons aphrodisiaques, tels le cèpe ou le cordyceps.