Les fleurs albinos : Un phénomène fascinant
L’albinisme est une mutation génétique qui touche non seulement les animaux, mais aussi les plantes, y compris les fleurs. Ce phénomène est caractérisé par une absence totale ou partielle de pigments, ce qui entraîne des variations de couleur remarquables. Cet article explore les causes, les manifestations et les implications de l’albinisme chez les fleurs albinos.
Qu’est-ce que l’albinisme chez les plantes ?
L’albinisme chez les plantes, contrairement à celui observé chez les animaux, n’implique pas une absence de mélanine, mais plutôt de chlorophylle, le pigment vert essentiel à la photosynthèse. Les plantes albinos présentent souvent des feuilles, des tiges ou des fleurs décolorées, allant du blanc au crème, en raison de cette absence de chlorophylle.
Causes de l’albinisme
Les causes de l’albinisme chez les fleurs albinos sont multiples et souvent liées à des mutations génétiques. Ces mutations peuvent être induites par divers facteurs environnementaux, tels que l’exposition aux rayons ultraviolets. Une mutation ponctuelle dans l’un des gènes responsables de la synthèse des pigments peut suffire à empêcher la production de ces pigments, rendant ainsi la fleur blanche. Cela concerne essentiellement les fleurs à pigment mauve, violet, rouge, rose ou bleu. Les plantes les plus concernées sont les rosiers, les campanules, les gentianes bleues ou mauves, ou encore les chardons et centaurées.
Manifestations de l’albinisme chez les fleurs
Les fleurs albinos se distinguent par leur absence de coloration typique. Par exemple, une orchidée normalement violette peut apparaître complètement blanche en raison de cette mutation. Ces fleurs albinos se développent dans les mêmes environnements que leurs homologues colorées, mais elles ne produisent pas de pigments dans leurs pétales.
Certaines plantes, comme le Séquoia sempervirens albinos, peuvent survivre malgré leur incapacité à photosynthétiser. Ces arbres agissent comme des « vampires » en pompant la sève d’un arbre hôte sain pour survivre.
Pourquoi les fleurs bleues peuvent être albinos
Les fleurs bleues peuvent parfois apparaître blanches, un phénomène souvent appelé « albinisme » chez les plantes, bien que ce terme ne soit pas tout à fait exact. Cela se produit souvent chez les campanulacées.
Voici pourquoi cela se produit :
1. Absence de pigments : Dans les fleurs albinos, il y a une absence totale de pigmentation dans les pétales. Contrairement à l’albinisme animal qui concerne la mélanine, chez les plantes, c’est l’absence d’autres pigments qui cause ce phénomène.
2. Mutation génétique : Cette absence de pigmentation est généralement due à une mutation ponctuelle d’un des gènes impliqués dans la voie de synthèse des pigments. Il suffit qu’une seule étape de cette voie de synthèse soit perturbée pour que le pigment ne soit pas produit, laissant la fleur blanche.
3. Voie de synthèse complexe : La production des pigments qui donnent leur couleur aux fleurs, comme les anthocyanes pour les fleurs violettes ou bleues, nécessite une voie de synthèse longue et complexe impliquant de nombreuses étapes. Une perturbation à n’importe quelle étape peut empêcher la formation du pigment final.
4. Caractère récessif : Ces mutations sont souvent à caractère récessif, ce qui explique pourquoi on ne trouve généralement pas d’hybrides à teinte intermédiaire entre les fleurs normales et les fleurs « albinos ».
Cela concerne les fleurs bleues, les fleurs violettes ou les fleurs roses, mais jamais les fleurs jaunes, chez qui on ne rencontre pas de défaut de fabrication des pigments jaunes. Ainsi, vous ne pourrez jamais croiser de pissenlit blanc ou de boutons d’or blanc.
Il est important de noter que ces fleurs « albinos » ne sont pas totalement dépourvues de pigments, car leurs tiges et feuilles contiennent toujours de la chlorophylle, le pigment vert essentiel à la photosynthèse. Ce phénomène est donc différent de l’albinisme véritable observé chez les animaux, qui concerne spécifiquement l’absence de mélanine.
Quelle fréquence pour l’albinisme ?
Les fleurs albinos ne semblent pas être plus fréquentes dans certaines régions spécifiques. Voici quelques points clés sur leur distribution et fréquence :
1. Mutation naturelle : L’albinisme chez les plantes est une mutation naturelle qui peut se produire n’importe où, indépendamment de la région géographique. Cette mutation peut être induite par divers facteurs environnementaux comme l’exposition aux ultraviolets, des composants inhabituels des sols, ou même des piqûres d’insectes.
2. Présence dans divers environnements : Les fleurs albinos peuvent apparaître dans divers environnements, y compris les jardins, les champs de céréales, et les parcs floraux. Elles peuvent également être observées en montagne, où les randonneurs rencontrent parfois des fleurs blanches au milieu de fleurs normalement colorées.
3. Fréquence variable : La fréquence des fleurs albinos peut varier au sein des populations de plantes. Par exemple, dans certaines populations de Cyclamen repandum, la fréquence des fleurs blanches peut atteindre 16%.
En résumé, les fleurs albinos peuvent apparaître dans diverses régions et environnements, mais leur fréquence n’est pas particulièrement élevée dans une région spécifique. Leur apparition est plutôt liée à des mutations génétiques et des facteurs environnementaux variés.
Implication sur la pollinisation
Les fleurs albinos sont généralement moins attrayantes pour les pollinisateurs que leurs homologues colorées, pour plusieurs raisons :
1. Manque de signaux visuels : Les pollinisateurs comme les abeilles et les papillons sont attirés par des couleurs spécifiques, notamment le bleu, le violet, le rose et le jaune. Les fleurs albinos, étant blanches, ne produisent pas ces signaux visuels colorés qui attirent normalement les insectes.
2. Absence de guides à nectar : De nombreuses fleurs possèdent des « guides à nectar », qui sont des motifs ou des lignes souvent invisibles à l’œil humain mais visibles dans le spectre ultraviolet. Ces guides aident les insectes à localiser le nectar dans la fleur. Les fleurs albinos peuvent manquer de ces guides, rendant plus difficile pour les pollinisateurs la localisation du nectar.
3. Perturbation de la signalisation : La couleur des fleurs sert de signal pour indiquer la présence de nectar et de pollen. L’absence de pigmentation dans les fleurs albinos peut perturber cette signalisation, rendant ces fleurs moins reconnaissables ou moins attrayantes pour les pollinisateurs habitués à certaines couleurs.
4. Possible réduction de la production de nectar : Bien que cela ne soit pas toujours le cas, la mutation génétique responsable de l’albinisme floral pourrait potentiellement affecter d’autres aspects de la physiologie de la plante, y compris la production de nectar ou de parfum, ce qui rendrait ces fleurs moins attrayantes pour les pollinisateurs.
Il est important de noter que l’attractivité des fleurs pour les pollinisateurs ne dépend pas uniquement de la couleur. D’autres facteurs comme la forme, la taille, le parfum et la quantité de nectar jouent également un rôle important. Cependant, la couleur étant un facteur clé dans l’attraction des pollinisateurs, les fleurs albinos sont généralement désavantagées par rapport à leurs homologues colorées en termes d’attractivité pour les insectes pollinisateurs.
Implication en terme de survie des fleurs albinos
Les fleurs albinos n’ont pas d’adaptations spécifiques pour survivre et sont souvent désavantagées par rapport à leurs homologues colorées. Voici quelques points clés concernant leur survie :
1. Absence de chlorophylle : Les plantes albinos manquent de chlorophylle, ce qui les empêche de réaliser la photosynthèse efficacement. Cela signifie qu’elles ne peuvent pas produire leur propre nourriture à partir de la lumière du soleil, ce qui est essentiel pour la croissance et la survie des plantes vertes.
2. Mycohétérotrophie : Certaines plantes albinos, comme certaines orchidées, peuvent survivre en étant mycohétérotrophes, c’est-à-dire en obtenant des nutriments de champignons mycorhiziens avec lesquels elles forment des associations symbiotiques. Cependant, cette stratégie n’est pas aussi efficace que la photosynthèse et limite leur capacité de survie.
3. Problèmes physiologiques : Les plantes albinos présentent souvent des défauts physiologiques, tels que des stomates qui se ferment mal, entraînant une évaporation excessive et un dessèchement plus fréquent en été. Elles passent également plus souvent par des périodes de dormance, ce qui réduit leur production de graines et leur pouvoir germinatif.
4. Faible production de graines : En raison de leur nutrition insuffisante et de leurs défauts physiologiques, les plantes albinos produisent beaucoup moins de graines viables que les plantes vertes. Cela réduit considérablement leur capacité à se reproduire et à se propager.
En résumé, les fleurs albinos sont souvent désavantagées par rapport aux plantes normales en termes de survie et de reproduction.
Implications horticoles
L’albinisme chez les plantes a également des implications en horticulture. Les horticulteurs recherchent souvent cette mutation naturelle pour créer des variétés ornementales attrayantes. Les plantes panachées, qui présentent des parties albinos et des parties chlorophylliennes, sont particulièrement prisées. Cependant, ces plantes d’ornement nécessitent des soins particuliers car les parties albinos dépendent des parties vertes pour survivre.
Les rosiers, par exemple, peuvent donner des variétés albinos blanches. Si l’albinisme touche le feuillage, cela peut aider à donner des feuillages panachés de blancs beaucoup plus décoratifs. C’est le cas du lierre par exemple. Cela peut aussi donner des variations de feuillage vert foncé au blanc, en passant par le vert pâle et le vert panaché de blanc. Mais une plante vivace, arbuste ou buisson, de type albinos, sera de toute façon plus fragile, car il ne peut faire de la photosynthèse. Planter des plantes vivaces albinos nécessite des soins tout particuliers. Et si ce sont des arbustes ou des arbres, il faut éviter de les tailler trop, pour ne pas les fragiliser.
Si l’albinisme ne concerne que la fleur, cela donne des variétés faciles à cultiver. On peut cultiver ce type de fleur, selon les espèces concernées, aussi bien en jardinière, en rocaille, en plates-bandes, en pleine terre ou en pots. Il n’est point besoin d’engrais particulier, car ces plantes réalisent une photosynthèse normale.
Les fleurs albinos peuvent aussi donner des variations décoratives intéressantes. On peut citer le cas du rhododendron, normalement à fleurs rouges ou roses. Les horticulteurs apprécient les variations dans les massifs de cette plante, entre les sujets à fleurs rouges et ceux à fleurs blanches.
Conclusion
L’albinisme chez les fleurs albinos est un phénomène fascinant résultant de mutations génétiques qui empêchent la production de pigments. Bien que ces plantes puissent présenter des défis en termes de survie, elles offrent également des opportunités uniques en horticulture. Les recherches continuent pour mieux comprendre ce phénomène et ses implications pour la biodiversité et l’adaptation des plantes à leur environnement.
Vou pouvez souvent rencontrer des fleurs albinos durant nos stages botaniques.